Dans les ruines de l’aérotrain…
Samedi 27 octobre de 16h à 19h à la librairie
Philippe Vasset, écrivain des marges et des frontières, a publié en septembre dernier Une vie en l’air, chez Fayard. Récit inclassable qui chante un amour obsessionnel et jaloux pour la rampe de béton abandonnée de l’aérotrain, ce livre ouvre la voie au rêve invincible, aux existences décalées, aux projets échoués. Émouvant, d’une simplicité superbe, son style reflète la sincérité d’une obstination à vivre en l’air, au-dessus de la vie, en flottant. Nous vous convions à rencontrer un écrivain étrange et attachant, qui viendra expliquer comment la littérature peut permettre de s’approprier ce qui d’apparence n’est à personne.
Pour couronner le tout, un ancien pilote du projet expérimental de l’aérotrain, M. Faure, sera présent pour s’entretenir avec nous de ce projet pour un futur qui n’est pas venu.
La discussion sera suivie d’une projection de films d’époque et d’une séance de dédicace.
Un moment insolite et nostalgique à venir partager avec nous !
Entrée gratuite, début de la rencontre à 16h – Réservez votre place assise pour plus de confort !
Philippe Vasset, Une vie en l’air, Fayard, 2018
C’est une ligne de béton tendue à dix mètres au-dessus de la
Beauce, qui barre depuis toujours le paysage de son enfance.
Elle devait servir de rampe à un véhicule révolutionnaire, un monorail
propulsé à 430 kilomètres à l’heure sur coussins d’air : l’aérotrain,
invention futuriste née de l’imagination de l’ingénieur Jean Bertin
et conçu pour relier, à très grande vitesse, les centres urbains de la
France pompidolienne. Si le projet fou de Bertin a fait long feu, cette
ruine du futur, elle, est restée debout, absurde, au milieu des champs.
Enfant, puis adolescent, le narrateur a fait de ce môle abandonné un
domaine, passant des heures, des jours entiers à scruter le paysage
comme s’il s’agissait d’un diorama, à observer la vie alentour et les
allées et venues en contrebas.
Jamais il n’est descendu de ce perchoir. Cette existence suspendue s’est
poursuivie pendant trente ans, en parallèle à la vie réelle. Le paysage
a changé, le rail aérien s’est effondré en plusieurs endroits mais le narrateur a continué d’habiter la jetée, songeant même à l’acquérir,
et à en déclarer l’indépendance.
Que faire de la hantise ? Comment vivre habité ? L’écriture peut-elle
ressaisir un lieu, et faire d’une retraite un monument ?
M. Faure
Ici au premier rang à gauche avec des lunettes, sur une photo tirée d’un Paris Match de l’époque, M. Faure a été pilote expérimental de l’aérotrain.
Philippe Vasset
Philippe Vasset (@Fayard)