Lu par Marithé :
Comment le simple besoin de survivre peut-il être dérangeant au point de rejeter l’autre et de le trahir? L’homme sous ses multiples facettes…
Entre fiction et réalité, un style d’écriture délicat, sensible, qui nous interpelle et nous renvoie à des situations très actuelles.
Extrait page 34 :
Chacun naît par hasard dans la vie.
Moi je voulais juste de l’eau. Puisqu’il paraît que c’est l’eau qui nous donne tout, à commencer par la vie. Je voulais juste en boire, simplement jusqu’à plus soif.
La sentir couler dans ma gorge et glisser entre mes phalanges. De l’eau propre et claire, de l’eau qui reflète la pureté de notre beau ciel d’été, de l’eau que l’on boit sans risquer de s’empoisonner.
Et maintenant je suis morte. Morte dans l’eau. C’est l’eau qui m’a tuée. Alors que j’en attendais tout. Elle était mon messie, l’étincelle que l’on place dans toutes les espérances, personne ne peut imaginer comme elle était mon papillon dans le ventre. Je voulais juste en boire un peu. Je n’aurais volé personne, je n’aurais pas chercher à priver quelqu’un de sa propre part de survie.
La morsure de la soif aurait pu me rendre égoïste, mais je peux le promettre, j’aurais partagé le peu d’eau que j’aurais trouvé, si on me l’avait demandé. La pauvreté accable, mais ne nous aiguise pas comme des aigles. ….
Céline Lapertot est professeur de français à Strasbourg. Après Et je prendrai tout ce qu’il a à prendre et Des femmes qui dansent sous les bombes – plébiscités aussi bien par les lecteurs que par les médias tels que Télérama ou Le Nouvel Observateur -, Ne préfère pas le sang à l’eau, est son troisième roman aux éditions Viviane Hamy, paru le 11 janvier 2018.
152 pages, 17€