Après Alain Denizet le mois dernier, nous poursuivons notre série mensuelle de cinq questions à un ou une auteur-e de la région à l’occasion de la parution récente d’un de leurs ouvrages, qui permettra de dresser ici-même, au fil du temps, un annuaire littéraire des talents locaux ! Aujourd’hui nous recevons Maurice Ravanne pour son livre Le Compagnon de Prasville (Ella, 2021).
1/ Pouvez-vous vous présenter rapidement à nos lecteurs ?
Je suis né à Dreux il y a 88 ans dans une famille d’ouvriers autodidactes. Mon enfance est marquée par la guerre. Devenu enseignant, je m’engage dans la recherche pédagogique, le syndicalisme et l’animation socio-culturelle.
D’abord instituteur rural, je me spécialise dans l’enfance inadaptée, puis deviens professeur de lettre et enfin chef d’établissement. A la retraite je milite activement dans la coopération décentralisée avec l’Afrique et assume plusieurs mandats de politique locale. J’entre en littérature par le biais d’ouvrages collectifs (Contes et légendes d’Eure-et-Loir, de la Région) et publie La Souris, chez ELLA éditions.
Je suis mariée deux fois, père de quatre enfants et dix fois arrière grand-père. J’adore cette tribu grouillante et si diverse.
2/ Quel est votre relation avec la Beauce ?
Certes mes racines sont bretonnes. Certes mes premières amours vont aux sommets des Alpes mais la Beauce je l’ai découverte lors d’une première nomination comme instituteur à Voves, puis comme principal du collège éponyme. Sa fausse monotonie, sa poésie horizontale sa beauté changeante ne sautent pas aux yeux. Il faut faire l’effort de la découvrir. Et les habitants méritent bien qu’on les aime. Durs à la tâche, fidèles en amitié, secrets jusqu’à ce qu’ils se libèrent ils font des amis durables.
3/ Pouvez-vous nous présenter votre dernier ouvrage ?
Le Compagnon de Prasville est une fantaisie littéraire. Le départ est un trou d’eau sur un chemin vert à la sortie de Voves, baptisé Fontaine Saint Lubin. J’ai découvert qu’un tailleur de pierres de Prasville prénommé Athanase l’avait maçonné vers 1880.
L’imagination a fait le reste : utilisant des faits attestés de la légende de Saint Lubin qui semble avoir été un homme juste et probe en son temps. J’ai pimenté mon récit de quelques considérants sur les temps anciens, futurs, et sur notre époque. Je pense avoir proposé là un plaisir de lecture un peu insolite, mais matière à quelques réflexions.
4/ Quel est le dernier ouvrage que vous avez lu ?
Alain Denizet m’a devancé en faisant l’éloge (mérité) de la saga d’Olivier Cojan. Je mentionnerai donc un ouvrage un peu plus ancien mais qui m’a beaucoup passionné : Vingt et une leçons pour le vingt et unième siècle, du japonais Yuval Noah Harari.
5/ Quels sont les trois ouvrages que vous aimeriez conseiller, en ce moment, à nos lecteurs ?
Trois ouvrages à conseiller ? Impossible gageure, le dernier Pierre Lemaître est intéressant. De Gérard Leray, le dernier Jean Moulin à Chartres pose plein de questions sur les difficultés d’administrer en territoire quand on n’est pas d’accord avec les directives d’en haut : passionnant ! Et puis il y a tant de chefs d’œuvre à lire ou à relire : Georges Sand, le père Hugo, Zola, Chateaubriand, Montaigne…. Un bémol ? Je me suis attaqué trois fois à « la recherche du temps perdu » de Marcel Proust. Trois fois, j’ai refermé le livre. Il me reste peu de temps pour une quatrième tentative.
Résumé éditeur :
Extrait « – Ma femme, la journée va être belle, peux-tu me préparer mon repas de midi ? Je vais sur mon lopin de Voves tailler quelques pierres pour le porche de maître Guillaume et cela me prendra bien la journée tout entière. – Mais enfin, mon homme, pourquoi me laisser seule toute la sainte journée et ne jamais rentrer pour déjeuner en ma compagnie ? » C’est ainsi que débute en 1880 le nouveau roman de Maurice Ravanne, une aventure qui fait la part belle à l’histoire de la Beauce… et des miracles perpétrés par Saint Lubin (ou pas ?) .
Paru aux éditions ELLA • Avril 2021 • 240 pages • 19 €